TURN IT ON AGAIN !

L'excessive richesse des années 80

Comme indiqué en introduction du blog, on se bousculait au portillon médiatique dans les années 80. En effet, quel paradoxe : Un tel volume déferlait que même si seulement 20 % de la musique diffusée captait favorablement notre attention, cela constituait encore trop à assimiler à la fois. Trop d'artistes, de chansons, de musique passé quasi inaperçus faute de devoir passer à travers la lucarne étroite de quelques chaines TV et une poignée de radios FM naissantes. Aujourd'hui, les immenses porte-fenêtres médiatiques sont grandes ouvertes, mais je n'y vois passer qu'un médiocre courant d'air musical fade, insipide, inodore et sans saveur. Tout ce qui faisait le charme des années 80 a quasiment disparu : l'innovation, le gout du risque, la fantaisie, le talent, la luxuriance, l'authenticité artistique, l'extrême variété des styles, des plus "branchés" au plus "ringards"... pardon... aux plus "populaires". Alors, comment ne pas avoir envie d'y retourner ?

L'hyper diversité des années 80

Il y avait à boire et à manger dans les années 80 ! Le meilleur comme le pire, mais si le meilleur était bien meilleur et bien plus abondant qu'aujourd'hui. Songez par exemple au fait que dans les hit-parades de l'époque, "tata yoyo" d'Annie Cordy cordy cotoyait "fade to grey" de Visage, "papayouyou" de Carlos se frottait à Irène Carra et son "flashdance", Licence IV nous invitait à boire un petit coup à la maison tandis que Sandra nous proposait de danser avec "Maria Magdalena"... Progressivement, depuis les années 90 /2000, presque tout est "devenu gris", uniforme, formaté, calibré, commercial, sans imagination, soporifique... ou à l'inverse, "rapeux", violent, vulgaire et grossier: pas de la musique mais du bruit sans paroles, ou avec des paroles indigentes. Même les nombreuses reprises, "mal réchauffées" et sensées rendre hommage au glorieux passé ne font que m'arracher des baîllements d'ennui.

Quand commencent les années 80 ?

Selon moi, pas le 1er janvier 1980 ! En effet, de même qu'un enfant entame une longue gestation dans le ventre de sa mère avant de naître "officiellement", une décénnie, sur un plan artistique n'a pas de frontière calendaire précise et son énergie, son "empreinte" commence à se faire sentir quelques années avant une date précise. Ainsi, pour ma part, je ferais débuter les années 80... en 1978 ! Certes en douceur, mais cette année marque pour moi une rupture avec les années précédentes, les prémices d'une nouvelle "énergie", en rapport avec une série d'évènements à la fois concrets et symboliques, à la fois personnels et collectifs, à la fois intimes et sociaux. Elle coincide également avec la montée en puissance de la musique "new wave", comme le souligne Wikipedia : "La new wave, qui débute à la fin des années 1970 pour s'éteindre vers 1986, est née du regain de créativité du rock en 1978-1979 et de la nouvelle vague des synthétiseurs et des boites à rythmes devenus accessibles aux jeunes musiciens ". Mais j'y reviendrais lors de la publication des videos.

Quand finissent les années 80 ?

Autant les années 80 ont démarré en fanfare, d'une manière presque brutale à l'échelle d'un siècle, autant elles se sont étiolées plus progressivement, nous offrant encore quelques trésors dans les années 90, mais de façon de plus en plus espacée. Pour ceux à qui cela parle niveau subtile, je sens que l'énergie des 80 a commencé son déclin en 1988, exactement 10 après son envol: Elle devenue moins débridée avec moins de spontanéité, mais certes plus de qualité niveau son et production. Certains évoquent la "convergence harmonique d'aout 1987" comme date charnière, je suis assez d'accord. Comme nous le verrons, certaines chansons "dans l'esprit 80" continueront à voir le jour dans les décennies suivantes mais peu d'artistes parviendront à en restituer la magie. Selon ma perception, le coeur des années 80 s'étend donc de 1978 à 1988.

Pourquoi les médias sabotent les années 80 ?

Les années 80 fascinent, ce n'est pas nouveau, et les émissions TV qui leur sont consacrées se multiplient au fil des années. Le problème, c'est qu'elles ne sont pas du tout représentatives et réduisent cette époque à une poignée d'artistes (français uniquement), toujours les mêmes : Gilbert Montagné, JL Lahaye, Jeanne Mas, Désireless, Lio, Début de soirée... etc. Je ne parle pas des soirées dansantes, discothèques et autres mariages qui insultent les années 80 en matraquant, juqu'à la nausée la même "playlist" depuis 30 ans. Pourquoi ? Peut-être pour que les gens ne cherchent pas trop quan même à se replonger dans le passé, et "consomment actuel", de gré ou de force, car les artistes contemporains ont faim et doivent faire bouillir la marmite. On peut également poser la fameuse question: "était-ce mieux avant ? ". Je dirais ni oui ni non, cela dépend de quoi on parle, pour quel motif, dans quel but. Sous certains aspects c'était mieux et sous d'autres, moins bien.

Quel est la philosophie de ce blog ?

Elle sera très personnelle et subjective, tout en sachant qu'elle trouvera peut-être un écho auprès de personnes de ma génération qui l'ont vécu, ressenti et intégré d'une manière similaire à la mienne. Il ne s'agit pas d'aligner en vrac des vidéos hyper connues de façon exhaustive, car beaucoup le font déjà. Il s'agit de découvrir des chansons ou musiques souvent moins connues, que j'ai intensément aimé et qui ont constitué à la fois des marqueurs de ma vie, de votre vie, et de des marqueurs de cette époque, d'une façon plus collective. Dans la mesure du possible, chaque vidéo sera suivie d'un commentaire, d'une petite anecdote, un ressenti, une émotion, un souvenir, une réflexion sociologique... Le but est également participatif pour ceux qui voudraient commenter, raconter également une anecdote en rapport avec la chanson.

Quel style de musique ?

Question style, on penchera plutot du coté pop, rock, new-wave et rock progressif. Mais il y aura quelques exceptions de ça et là. Lors des premières années revisitées, il y aura surtout des tubes connus car "en ce temps là", j'étais un jeune ado qui devait se contenter d'écouter ce qui passait à la radio, et bien sûr en grande ondes avec une qualité qui ferait tomber à la renverse un jeune auditeur actuel. En effet, la bande FM n'explosera qu'à partir de 1981 avec l'ère "tonton Mitterand". Plus nous remonterons le temps, plus je vous ferais découvrir des joyaux qui ne passaient pas à la radio. Pour caricaturer outrageusement; Avant les années 80, c'était surtout : " La mer qu'on voit danser le long des golfs clairs". Après les années 80, c'est entre autres: "Nike ta mère qui fait ses courses en golf chez Leclerc... Yo". Nous visiterons donc l'âge d'or de la musique qui se situe entre les deux, en toute inobjectivité bien sur.

La nostalgie des années 80, saine ou malsaine ?

On pourrait se poser la même question pour n'importe quelle époque car le principe est toujours le même : la fascination du passé, du moins certains aspects du passé... Selon mon expérimentation du phénomène depuis de longues années, l'attrait de la nostalgie ne réside pas tant dans le fait de revivre simplement le passé, mais vivre plutot le différentiel, le contraste saisissant existant entre ce passé remémoré (plus ou moins fidèlement) et le point de vue présent depuis lequel nous le visitons. Cela explique d'ailleurs pourquoi notre sens de la nostalgie s'accroit avec l'âge. Une fois arrivés à l'âge mûr, une fois installés dans la vie et moins accaparés par le soucis de faire notre place, nous revisitons de plus en plus souvent notre passé, en particulier notre enfance et notre adolescence. Pour ma part, la musique est le média, le moyen le plus efficace de revisiter le mien (notamment pour le pardonner mais ce n'est le sujet ici), et la musique des années 70 et 80 tient une large part dans ce revival.

© Alain – Septembre 2019.